Le Carré dans la marre
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Le Carré dans la Mare propose une médiation artistique permettant de recueillir la parole des stagiaires à travers différents biais visuels ou textuels ouvrant sur la parole.
Les artistes associés au Collectif 12 interviennent auprès du public des centres de vie et autres associations à visée sociale du territoire mantois.
L’idée est de provoquer l’envie de parler et d’écrire en français, enrichir le vocabulaire du groupe et fixer l’orthographe des mots choisis pour raconter sa propre histoire. La médiation artistique sert ici à travailler sans s’en rendre compte, à trouver du plaisir à utiliser cette langue.
Le lancement de la 15ème revue du Carré dans la Mare a eu lieu le mardi 23 mai 2017.
Le projet du Carré dans la Mare n°15
Le Carré dans la mare est plus que jamais essentiel. Il est indispensable. Depuis une quinzaine d’année, il accueille, il recueille la parole de celles et ceux qui en sont souvent privées.
Et au moment où nous écrivons ces lignes, période agitée par la tempête électorale, cette parole déjà rare, cachée, invisible pourrait disparaître.
Cette année, 6 artistes, toutes liées au Collectif 12, ont mené des ateliers de pratiques artistiques de octobre 2016 à mai 2017. Les participants sont, sauf pour l’atelier chant de Myriam Krivine, en apprentissage de la langue française dans des centres de vie sociaux et autres associations à visée sociales du territoire du mantois. Marocains, saharouis, tamouls, algériens, ces hommes et ces femmes viennent de nombreuses terres sur le globe et se retrouvent dans la démarche commune et volontaire d’apprendre la langue française. Les ateliers d’artistes permettent de manier la langue par le plaisir et l’imaginaire. Les mots récoltés fondent l’ADN du Carré dans la mare.
Cette 15ème édition du Carré à pour thème le palimpseste. Ce manuscrit dont on fait disparaître l’écriture pour y écrire un autre texte. Au moyen âge, la rareté du parchemin en tant que support a rendu commun l’usage des palimpsestes. Le Carré dans la mare est le palimpseste du Collectif 12. Chaque année, nous réécrivons ces échanges joyeux, précieux, ces « petits miracles » quand des mondes se fondent et se confondent dans une salle de classe pour devenir par la seule force de l’imaginaire, une salle de spectacle. Des cultures, des chemins, des souvenirs de terre, de frontières se mêlent, s’entremêlent le temps d’une danse, d’une improvisation. Et nous nous devons d’écrire dans le Carré ces histoires individuelles devenues collectives le temps d’un atelier.
Par extension, le palimpseste est devenu une œuvre architecturale qui a subi de nombreuses modifications apportées à la structure d’origine. Les artistes ont donc travaillé autour de la maison, de l’habitation. Parfois souvenir douloureux d’un « là-bas » trop lointain, parfois idéal d’un « ici » inatteignable, toujours balise familiale, rêve intouchable, les mots, les corps, les silences, les regards, les dessins des participants ont fabriqué des ailleurs dans nos ici. Ils se sont construits des maisons communes à imaginer ensemble.
Le Carré accueille toutes ces maisons imaginaires ou non. Puisse le Carré dans la mare rester un lieu ouvert aux grands vents du monde en mouvement, de la poésie et de l’art qui défont les frontières.
Evènements passés :
Le lancement de la 14ème revue du Carré dans la Mare le jeudi 19 mai 2016.
Le lancement de la 13ème revue du Carré dans la Mare le jeudi 28 mai 2015.
Le lancement de la 15ème revue du Carré dans la Mare le mardi 23 mai 2017.
Le projet du Carré dans la Mare n°14
Le Carré dans la Mare est une revue annuelle issue d’ateliers d’expression artistique menés par des artistes du Collectif 12 auprès de migrants en apprentissage du français dans différentes structures locales.
Cette année, la 14ème édition du Carré dans la Mare aura pour thème « Quel est ce fil qui nous relie ?» et développera autour des ateliers des moments d’échanges, de découverte et de partage…
Cette thématique, « Quel est ce fil qui nous relie? », nous semble intéressante par l’ouverture qu’elle suppose. Elle nous permet d’explorer le lien social ou l’idée du vivre ensemble que participants et artistes se font le temps d’un atelier. L’alphabétisation reste évidemment un enjeu majeur du dispositif. Mais ce qui se joue chaque heure de chacun des ateliers dépasse le seul apprentissage de la langue française. La parole portée dans les échanges riches et joyeux devient politique. Et c’est ici que nous aimerions parler cette année de l’expérience de la République. Bien sûr nous ne pouvons pas prendre ce sujet de la République frontalement. Ce n’est pas un cadre bordé, imposé. Mais plutôt la conscience que ces ateliers de pratiques artistiques, ces moments de partages d’idées, d’expériences, ces paroles vibrantes, cette vitalité portées par les illusions, les espoirs, les souvenirs de chacun, sont une inclusion dans le champs de la République. Mais quelle est cette République ? Qui est cette République ?
Or la République, c’est ce que chaque personne met dedans. Par conséquent, tout ce qui est dit, chanté, dansé, dessiné, écrit, mimé dans nos ateliers touche à la République, surtout si on passe par le biais du lien, du fil. Du vivre ensemble. Vivre ensemble est un acte citoyen. Quelle est leur expérience du lien ? Ici, là-bas, aujourd’hui ou hier. Le Carré propose d’explorer ces choses là, au moins une fois dans les ateliers et la parole qui émergera (parole gestuelle, parole chantée, parole dansée, parole dessinée etc), cette parole s’inscrira dans une expression inédite, tue habituellement dans les discours politiques ou médiatiques. Le Carré a pour ambition de remettre en forme une sorte d’expression qui ne s’entend pas habituellement, qu’on ne sait pas, et par conséquent qu’on ne connaît pas. Parler du lien, du fil, du vivre ensemble est déjà une expérience de la République et de ses notions : citoyenneté, égalité, liberté, fraternité. Parler, chanter, danser, dessiner le lien réexprime la République.
L’an dernier, sur le plateau du Collectif 12, certains participants ont lu leurs propres mots écrits lors des ateliers. Des éclats de leur histoire, des fragments de leurs souvenirs, des extraits de leur quotidien, parfois lourds, parfois anodins. En les entendant, en les regardant se régaler à prononcer ces mots devant une assistance conquise, se reconnaissant dans des mots d’autres, nous nous sommes dit que cet instant était citoyen, essentiel. Loin des discours habituels, cette parole, rare, vivante et vibrante, exclue, donnait un sens politique presque subversif au Carré dans la Mare. Elle lui donnait vie.